C’est quoi l’hypnose ? Ça se mange ?
Non l’hypnose ça ne se mange pas…
Tout le monde a déjà vu à la télévision ces spectacles, dignes d’un bonimenteur, d’un type qui, faisant les gros yeux et avec des effets de manche, qui arrive en quelques litanies à mettre des personnes, généralement choisies au “hasard” dans le public, en quasi léthargie pour leur faire réaliser des choses incongrues dans des postures ridicules et les réveiller d’un claquement de doigt. On rit à leur détriment sans qu’elles ne se souviennent de rien. Est-ce donc cela l’hypnose, un truc de music-hall, entre prestidigitateurs et humoristes ? Pour les néophytes, il est intéressant d’approfondir la question et de comprendre que cette pratique est très ancienne, car elle date de la fin du dix-neuvième siècle et peut aussi très sérieuse quand elle est mise en œuvre par des spécialistes. Elle est alors utilisée dans un cadre thérapeutique mais peux aussi permettre une meilleure connaissance de soi.
Le terme “hypnose” désigne à la fois un état particulier de conscience et l’ensemble des techniques utilisées pour parvenir à cet état de conscience. Afin de ne pas confondre les deux désignations, il est de coutume de laisser le terme en minuscule pour parler de l’état de conscience (“hypnose”) et de mettre une majuscule au mot lorsqu’on parle de la technique (“Hypnose”).
Source de ce paragraphe : IFHE – Institut Français d’Hypnose Ericksonienne et Humaniste
Hypnose, état modifié de conscience ?
La question se pose et trouve sa réponse dans le processus de mise sous hypnose appelé induction. Grâce à des techniques de suggestion, l’hypnothérapeute permet à son patient de se fermer au monde extérieur, ce qui induit une baisse de la vigilance du conscient pour donner toute mesure à son inconscient. Le sujet demeure éveillé et peut se livrer dans les réponses qu’il donne aux questions du praticien. C’est un état de conscience modifié. Tout le monde vit au cours de la journée des états de conscience modifié. Par exemple quand vous êtes absorbé par un bon film et que vous n’avez plus conscience des personnes autour de vous ou alors quand vous lisez un livre. Le simple faite de fermer les yeux entraine déjà un EMC. C’est un état naturel que nous connaissons tous à un moment ou à un autre.
Différentes formes d’hypnose.
Créée comme technique médicale par le neurologue Charcot en 1878 pour traiter l’hystérie et reprise par Sigmund Freund dans les années vingt dans ses cures de psychanalyse, l’hypnose s’est profondément enrichie, au cours du dernier siècle, grâce à de nombreux travaux théoriques et expériences cliniques, puis diversifiée selon différents objectifs thérapeutiques.
- L’Hypnose Ericksonienne : C’est le psychiatre américain Milton Erickson qui a développé cette branche de l’hypnose dans les années soixante. Elle utilise la suggestion mentale et la force symbolique de certaines images pour stimuler l’inconscient de son patient et l’ouvrir sur son imaginaire et ses émotions. Ce type d’hypnose, actuellement bien codifiée et enseignée, permet de résoudre des problématiques somatiques que rencontre le patient traité ainsi. Cette forme d’hypnose est très dirigiste. La plupart des thérapeute d’aujourd’hui ne pratique pas l’Hypnose Ericksonienne comme le faisait Milton Ericksonne.
- La Nouvelle Hypnose : Moins autoritaire que l’Hypnose Ericksonienne, la Nouvelle Hypnose vise un travail collaboratif entre le praticien et son patient. Pour Araoz, l’un des fondateurs, il est désormais préférable de ne pas pousser le consultant à adopter des comportements sans qu’il en soit conscient, mais uniquement de le guider dans ses propres choix et changements. Le sujet sait quels changements il opère et y consent. Il prend conscience de ses croyances nuisibles et auto-destructrices, puis laisse son praticien le guider pour les défaire. Plus de détails ici sur la Nouvelle Hypnose
- L‘Hypnose Humaniste : Développée par Olivier Locker, elle vise à permettre au patient, guidé par son thérapeute, d’intervenir lui-même sur sa conscience afin de cibler le blocage psychologique pour le surmonter. L’Hypnose Humaniste est très différente des autres styles d’hypnose, on peux même dire que c’est tout le contraire. Le patient rentre dans un état de conscience augmenté par le biais d’induction dite en ouverture. Au lieu de perdre conscience, il gagne en conscience, s’éveillant à lui même. Le patient prend conscience de ce qui cloche en lui même et peux en parler à l’hypnothérapeute qui pourra le guider afin que le patient puisse régler sa problématique par lui même. Plus de détails ici sur l’Hypnose Humaniste
- Auto-hypnose: Développée depuis quelques années, cette technique, comme son nom l’indique, se pratique seul, sans recours à un thérapeute. Néanmoins, il faut que la personne qui l’utilise, connaisse cette technique qui permet, en quelques minutes, de se mettre en situation de conscience modifiée. Mixte en la relaxation et le recentrage psychologique, elle peut apaiser les blocages, stress et angoisses.
- Hypnose Régressive ou Spirituel : Après que la patient est mis sous état de transe hypnotique, le praticien va lui suggérer de remonter, étape par étage, dans son passé, son enfance, avant sa naissance, son état fœtal, et même au delà. Certains hypnothérapeutes considèrent qu’il serait possible ainsi de pouvoir décrire, par le patient, ses éventuelles vies antérieures, susceptibles d’expliquer ses troubles dans sa vie actuelle.Plus de détails ici sur l’Hypnose régressive & spirituelle
Il existe d’autre formes d’hypnose que je n’ai pas cité plus haut. L’Hypnose Classique, Quantique, etc…
Le principe de transe hypnotique :
Quels que soient les formes d’hypnoses mises en œuvre, le principe est, pour un patient, le basculement d’un état de conscience normale, avec une vigilance habituelle, vers un état de conscience modifiée où le ressenti du réel (la vue, l’ouïe, etc.) laisse la place à la voix et la parole de l’hypnothérapeute qui va guider le patient dans un «voyage» en lui-même, dans ses souvenirs, sa mémoire, ses blessures psychologiques. Dans un état de transe hypnotique, il y a pour le patient abolition du temps et de l’espace, ce qui signifie que des expériences traumatisantes, quelquefois très anciennes, et oubliées dans un état de conscience normale, peuvent être «revécues», permettant au thérapeute de comprendre les causes de troubles psychologiques, d’angoisses, de phobies. A ce stade, le thérapeute peut rendre conscient ce qui a été enfoui dans l’inconscient et suggérer alors à son patient de réintégrer le traumatisme caché, le comprendre et le dépasser voir de le modifier.
L’inconscient, territoire d’analyse.
Tout d’abord, faut-il bien comprendre le rôle et la place de l’inconscient pour toutes personnes. Il n’interfère pas spontanément dans le conscient mais capte toutes les émotions, les classifie et dissimule à la conscience celles qui peuvent lui apparaitre dangereuses, pouvant impacter la cohésion de la personnalité et son bien-être. C’est la source des phobies, des conduites addictives, les peurs irrationnelles, etc., le conscient n’en connaît pas les raisons, l’inconscient, lui, les connaît. Le travail de l’hypnothérapeute est donc l’abolition temporaire du conscient par l’hypnose pour pénétrer ce territoire bien camouflé de l’inconscient. Grâce à cette lecture de l’inconscient de son patient, il peut alors dialoguer avec lui, parler son langage en usant de son vocabulaire, prenant appui sur les métaphores, allégories et autres suggestions symboliques. Ainsi, il débusque les failles, les émotions traumatisantes, les blessures existentielles, les révèle à son patient qui, alors, en prend « conscience ». Cette prise de conscience devient une vertu thérapeutique, on n’a plus peur de ce que l’on connaît. Cette compréhension est libératrice.
Ce que l’on peut attendre de l’hypnose, quelques exemples :
On peut catégoriser les bénéfices attendus d’une séance d’hypnose.
- Les addictions : Qu’elles soient alimentaires (boulimie, anorexie), liées à un usage de toxiques (tabac, alcool, drogues) comportementales (argent, sexe), l’hypnose offre des clés de compréhension et permet au patient de s’en libérer.
- Bien-être physique et mental : Élimination des insomnies, amélioration de la confiance en soi, mieux gérer des émotions et ses frustrations, éviter les phobies.
- Surmonter les épreuves : Deuil et séparation suscitent des souffrances qui peuvent ne pas s’atténuer dans me temps. L’hypnose permet de les surmonter pour retrouver goût à la vie.
- Névroses, troubles comportementaux : Dans une psychothérapie, l’hypnose peut être un instrument d’analyse utilisé par les praticiens, qu’ils soient cliniciens ou psychanalystes.
- Rôle «antalgique» : Depuis plusieurs années, l’hypnose a pris une place dans les blocs opératoires. Des médecins anesthésistes se sont formés aux techniques hypnotiques et remplacent ainsi les produits anesthésiants en mettant leurs patients en état de conscience modifiée. Ceux-ci ne ressentent aucune douleur suite aux gestes opératoires du chirurgien, évitant ainsi les risques d’une anesthésie classique. Cela fonctionne aussi, hors bloc opératoire, pour traiter les migraines, les douleurs rhumatismales et pour surmonter la prise de traitement pour de longues périodes dans certaines maladies chroniques. Des dentistes l’utilisent aussi dans les soins dentaires.
- Développement personnel : Toute personne a le désir d’augmenter son potentiel cognitif, ses performances dans la vie professionnelle et personnelle, bref, d’être meilleure en tout. Pas toujours facile, même si l’on ne souffre pas de troubles du comportement. Pour se faire, il est nécessaire de réaliser un travail sur soi et l’hypnose est un outil puissant pour le réaliser, rééquilibrer le conscient vis à vis de l’inconscient, qu’il reste à sa place, d’une certaine façon, pour ne pas nuire, et ainsi, se reprogrammer au meilleur de toutes ses capacités et les développer.
Plus de détails sur les indications de l’hypnose ici
L’hypnose, une place acquise dans les thérapies actuelles et d’avenir.
Longtemps considérée avec une suspicion mêlée de curiosité, l’hypnose a pris le temps, plus d’un siècle, pour prendre toute sa place, celle d’un instrument efficace, doté d’une totale innocuité, de thérapie et d’alternative à la chimie médicamenteuse dans de nombreuses branches de la médecine, que cela concerne les maladies physiques ou les troubles psychologiques. Mais elle est aussi un viatique pour la connaissance de soi. Bref, elle définit un champ expérimental qui ne cessera pas d’agrandir son horizon.
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